Doc GOMI

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NCIS, Jean Yves Lafesse, et les experts en santé

Comme dans NCIS ou plus récemment dans un spectacle de Jean Yves Lafesse, les experts en santé se succèdent pour nous asséner leurs vérités ; force est de constater qu'ils seraient parfois moins ridicules chez Lafesse que dans NCIS....mais que cruellement , ils sont appelés fréquemment au chevet de notre protection sociale ; nous allons donc examiner les états de service des experts que la Mutualité a mandaté pour voler à son secours, dans une crise qui s'annonce fort compliquée à gérer.

 

De nombreux projets de mutuelles innovantes germent en effet depuis quelques semaines, indépendemment du mouvement dit "des médecins pigeons" ; ces projets ont en commun de renvoyer à des questions de fond qui ne sont jamais abordées : quelle place pour les complémentaires, quelle place pour la sécurité sociale, et quel est le coût réel du système adminstratif et commercial qui gère le soin en France ? Quel est par exemple le patrimoine foncier , immmobilier , et financier accumulé par les complémentaire sur le dos de la protection sociale et du soin depuis trente ans ? Combien coûte la publicité qui innonde nos médias et quel est le coût d'acquisition du client adhérent mutualiste moyen ?

 

Tout ceci est t-il réellement plus raisonnable que les honoraires demandés par les soignants ? et ne faut t'il pas s'en préoccuper, puisque ces charges sont qualifiables "d'improductives" ? Question connexe, pourquoi ces question n'éfleurent jamais le cerveau de nos brillants experts?

 

Examinons les propos péremptoires de M. Claude Le Pen, à propos de ces projets de mutuelles :

 

On a déjà vu ça à l'étranger et ça n'a jamais marché. Si on veut payer correctement les médecins - ce qui représente le poste de dépense le plus lourd pour une mutuelle - il faut demander aux patients des cotisations élevées. Croire que juste en baissant les fais de gestion on arrivera à concurrencer les mutuelles existantes me semble être une illusion.

 

Ceci rapelle curieusement le "tarif social" négocié par le gouvernement avec les opérateurs historiques avant l'arrivée de free et son forfait à deux euros : il y a eu là aussi beaucoup d'experts consultés défendant les positions financières des organismes implantés en situation de monopole, et une franche rigolade à l'arrivée, avec un tarif divisé par quatre par un nouvel entrant.

 

En l occurence le remboursement des médecins par les mutuelles est bien faible, le remboursement sécurité sociale représente pour la médecine générale moins de 3% du budget santé, incluant la rémunération du médecin généraliste, mais aussi les emplois dérivés, les véhicules, l'informatique, l'immobilier.....; le tout remboursé à 70% par la sécurité sociale, il reste donc 30% de 3% à la charge de la mutualité et autres complémentaires ; en y ajoutant les autres spécialités médicales, le constat est sans appel : la totalité de ces dépenses représente 14% des dépenses des mutuelles en fort recul (moins 2% sur un an) , loin derrière les frais de gestion constatés par la cour des comptes en 2008 (25% pour les complémentaires, 42% dans certaines assurances)  et c'est donc le 4ème poste de dépense, après , entre autres le médicament (27%) , mais aussi les soins dentaires  et non le premier, M. Le Pen ; pour un économiste aussi réputé , c'est une erreur grave, qui fonde l'interventionnisme des mutuelles dans des domaines ou elle n'a aucune légitimité ; avec parallèlement un abandon de souveraineté par la sécurité sociale : le rôle qui lui revient du fait de sa position de financeur principal doit t'il être bradé aux complémentaires mutualistes et privées ?

 

Deuxième expert , M Bouzou, qui nous explique sans rire que "Ces professionnels de santé mettent en avant le fait que le conventionnement mènerait tout droit vers une organisation à l’américaine, c’est-à-dire un système dans lequel l’adhérent n’est remboursé que s’il consulte au sein d’un réseau fermé et organisé par son assureur. Dans le cas présent, c’est faux ! Les adhérents conservent leur liberté de choix, car le conventionnement proposé par les mutuelles met en place un système de bonus – l’adhérent obtient un meilleur remboursement s’il se rend auprès d’un professionnel conventionné – et non de malus."

 

Malgré la dialectique extraordinaire et contortioniste digne d'un bateleur de foire ou d 'un arracheur de dents, il est remarquable et confondant de prendre à ce point les braves gens pour des abrutis : si l 'assureur verse un "bonus" tout juste s'agira t'il du simple remboursement habituel, l'adhérent hors réseau sera moins bien remboursé, bien évidemment, puisque c'est quand même la philosophie de ces réseaux : rendre le soignant et l 'assuré captif des financiers, afin que "ça crache du cash".

 

Plus loin, cet expert indique que les réseaux de soins mutualistes améliorent le reste à charge et l'accès au soin, ignorant ainsi toutes les études démontrant que plus la sécurité sociale se désengage, plus l'accès au soin est problématique ; ignorant également que l'intervention ancestrale et agravative des mutuelles à 96% dans le domaine de l 'optique, avec 600 magasins mutualistes, n'a jamais modéré les prix en France, puisque le prix d'un équipement optique moyen est de 106 euros contre 60 euros en Allemagne ; et que c'est précisémment dans ce domaine et dans le domaine dentaire que l'accès au soin est le plus problématique.

 

Les renoncements aux soins concernent en effet principalement l'optique et le dentaire : 56% des renoncements concernent les soins dentaires, 12% l’optique et 9% les soins de spécialistes. A l’inverse, les soins d’omnipraticiens ne concernent qu’un peu moins de 5% des renoncements ; on voit ici que plus les complémentaires interviennent, moins l'accès au soin est préservé, plus la sécurité sociale intervient, plus l'accès est possible sans renoncement  (pour l optique, la sécurité sociale intervient à hauteur d 'environ 4% contre 70% pour la consultation du généraliste).

 Comment résister au plaisir de vous livrer toute la profondeur de vue dont sont capables ces experts régulièrement consultés par nos gouvernants, à grands coups d'études et d'audits externes payés soit par l'impôt, soit par les adhérents mutualistes ?

 

Nicolas Bouzou indiquait en effet en avril 2008 : "c'est le moment d'acheter en Bourse".

 

La suite des événements n'a pas permis de vérifier ses prophéties, puisque ces déclarations ont été suivies de près par un effondrement des marchés.

 

Il semble donc urgent que le débat ne soit pas monopolisé par des agents financiers, s'appuyant sur des personnes dont ont ne connait pas les liens d'interêts et dont le niveau d'expertise semble parfois sujet à caution, voire à franche poilade ; sauf qu'ils décident de l'avenir de notre système de santé.

 

Sans nous.

 

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                                    Evolution du CAC 40 periode 2007 /  2009

 

 

 

 


 

 




04/12/2012
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