Doc GOMI

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Pr Vallancien : une confusion consternante.

J'ai lu hier le billet du Pr Vallancien, apellant à un nouveau pacte liant enfin les patients et l'industrie pharmaceutique en direct, évacuant les intermédiaires génants, voire nocifs : les médecins prescripteurs qui osent réfléchir.

 

Ce billet après m'avoir fait quelque peu sourire, au vu des énormités qui y sont tranquillement proférées a fini par m'énerver, et il ne me semble pas qu 'il puisse rester sans contradiction.

 

M. le Pr. Vallancien a en effet, dans le passé, exercé des reponsabilités dans l'organisation du systême de soins hospitalier (conseil auprès de M. Mattei), et il ne peut être considéré comme naif sur ces sujets.

 

Il propose aujourd'hui de confier aux industriels des responsabilité dévolues aux soignants : éducation thérapeutique, gestion des alertes sur le médicament, en direct avec le patient.

 

Il remet en cause les questionnements sur le fonctionnement actuel du marché du médicament.

 

La France est un des pays au monde ou le médicament coûte le plus cher aux assurés et au systême de soins (environ 18% du coût du systême de soin, soit six fois ce que coûte la totalité de la médecine générale) ; une ordonnance de médecin coûte trois fois plus cher en moyenne que sa consultation, et en comparant et analysant ces prescriptions, il semble qu'une partie non négligeable puisse être optimisée.

 

Il s'agit en l'occurrence bien souvent des "innovations" thérapeutiques, qui font l'objet de très lourdes campagnes de marketing , et sont destinées a remplacer des médicaments dont le coût est souvent bien moindre , en ajoutant parfois des risques mal identifiés , pour un bénéfice parfois nul, voire une diminution du service rendu.

 

Bien peu de médicaments innovants et interessants sortent des laboratoires pharmaceutiques chaque année (moins de dix en moyenne) , beaucoup de pseudo innovations sont admises au remboursement avec un prix injustifié, arrangements opaques internes au CEPS, chargé de fixer ces prix, et on se demande bien comment ; si un jour on veut une politique du médicament en France, et surtout des économies, c 'est bien évidemment là ou il faudrait regarder : qui est ce CEPS et comment fonctionne t il?

 

On peut ainsi lire avec profit l'étude Allhat, qui indique qu'un des meilleur antihypertenseur est sans doute un vieux machin dénommé chlorthalidone, peu prescrit et encore moins promu par nos leaders d'opinion (classés par les laboratoires en fonction de leur facteur d'influence) ; le médicament original, Hygroton fut d ailleurs retiré du marché, il nous reste un produit très approchant, l 'Esidrex, qui coute 7E22 les 90 cp.

 

Près de 7,6 millions de Français sont traités pour l 'hypertension, avec des molécules bien souvent trois, voire dix fois plus cher que ces diurétiques, pour un bénéfice nul, coût final de près de trois milliards d'euros ; il serait donc aisé de reprendre là certainement un milliard d'euro.

 

Cet exemple est multipliable "à l infini" , la dernière histoire grotesque, celle des glithazones, qui ont représenté le premier chiffre d 'affaire Français dans la prescription en direction des diabétiques non insulino dépendants, avant d'être retirés avec perte et fracas pour cause de cancers de la vessie et soucis cardiologiques : qu'en pense le Pr. Vallancien ? personnellement, je n 'ai jamais prescrit une seule boite de glithazone, j'étais informé, et vigilant ; pourquoi pas nos experts ? l ANSM ? le CEPS ? l' HAS ? quel coût pour le contribuable ?

 

Les laboratoires pharmaceutiques chargés de l'éducation thérapeutique, tel que le préconise le Pr Vallancien auraient til valorisé l 'utilisation des glithazones ? 

 

Pourquoi ces laboratoires pharmaceutiques financent t 'ils les associations de patients ? uniquement par philantropisme ?

 

Sans stigmatiser , ni prendre les indutriels pour le grand Satan (curieuse rhétorique) , il semble assez ridicule de donner certains rôles et certaines attributions relevant du médecin à des industriels, dont le métier est tout de même, de générer du chiffre d 'affaire, de la marge, du bénéfice.

 

Je m'inquiète toujours un peu quand je vois Mac Do communiquer sur la diététique ou Total sur l 'écologie.

 

Mettre les patients dans la main de l'industrie, en éliminant le médecin, tel que le propose le Pr Vallancien est très certainement une façon positive de contribuer au chiffre d 'affaire de ces entreprises, mais en terme de santé publique, il est un peu affligeant de méconnaitre les travaux et conclusions de tous les organismes qui luttent à l'équilibre des pouvoirs.

 

Car c'est bien d'un combat qu'il s'agit, avec du coté des laboratoires un marketing estimé à 25000 euros par médecin et par an en 2007 coût financé par la collectivité.

 

On constate un déplacement de ce marketing vers d'autres acteurs depuis quelques années, mais le constat est là et il est incontournable : les laboratoires , contrairement aux asssertions de M. le Pr Vallancien n'oeuvrent pas uniquement dans un but de santé de la population : ils mettent sur le marché de nouvelles molécules, qu'ils vendent plus cher que les précédentes, en dépensant beaucoup d'argent pour la promotion de ces nouvelles molécules.

 

L'utilité de ces nouveaux médicaments est , dans une majorité de cas faible, voire nulle, voire même négative parfois.

 

Mais il y a parfois de vraies innovations interessantes, financées par tout ce fonctionnement sur un modèle très dégradé, et ceci pose la question de la R&D, de la fabrication, du cycle de vie et de propriété industrielle des médicaments, des AMM, des accords prix/volume.....

 

Une certitude est que les industriels ne doivent pas être blâmés : ils travaillent et jouent dans une cour qui est aménagée par nos politiques, et c'est bien au politique d'apporter sa vision, de donner la stabilité juridique , sociale et fiscale indispensable à l'innovation (ce qu'il ne fait pas, dans ce domaine comme dans tant d'autres). Ils consacrent des masses financières considérables à la recherche en France, et méritent d'être bien orientés, et traités de façon stable.

 

 

 

Depenses intérieure de recherche industrie pharmaceutique (source Eco Santé)

 

Il est effectivement compliqué de mener des projets d'innovation mobilisant sur parfois une décennie, sans une visibilité environnementale ; il est plus simple de faire de "faux nouveaux" médicaments appelés "mee too" , permettant de prolonger des brevets artificiellement en faisant payer le contribuable pour de fausses innovations, au vu et au su de tous les acteurs et experts informés, avec la bénédiction du ministère de la santé, de la sécurité sociale, et de toutes les agences, parfaitement informées de cette arnaque.

 

Dans notre pays , comme dans l'ensemble des pays à haut niveau de vie, des formes de résistance se sont organisées, et proposent des solutions qu'il serait utile d'écouter : le patient, le prescripteur  et le contribuable ont a y gagner ; ceci est loin d'être incompatible avec un terrain de jeu rénové pour les industriels, qui demandent visibilité et stabilité de leur environnement.

 

Mais cette grande réforme n'est sans doute pas à l'ordre du jour.

 

Ni diabolisation, ni angélisme, il faut relire les rapports de la cour des comptes et étudier le marché du médicament pour constater la vacuité des politiques actuelles.

 

Pour une pharmacovigilance en direct, générée par les patients, et a forte valeur ajoutée, signalons le site www.drugcite.com , géré par la FDA (organisme américain de régulation) , qui nous prouve une fois de plus qu'en terme de vigilance et d'alertes, il vaut mieux regarder de l'autre côté de l'atlantique.

 

 

 

 



25/01/2013
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