Doc GOMI

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Mutuelles & assurances


Fusion MGEN / LMDE : on ne change pas une équipe qui perd

 

Appel ce matin à la MGEN, et bien oui, j'en suis adhérent.

 

La MGEN, c'est une mutuelle transparente, démocratique, dont la vie politique, et les assemblées générales sont un grand moment de partage démocratique et d'information.

 

On reçoit une beau journal en quadri, qui nous informe sur toutes les avancées fantastiques de la santé et de la protection sociale mutualiste.

 

Je n'y ai jamais lu que je finance la LMDE, l UNEF, ou d'autres choses, même si la dette de la LMDE portée par la MGEN était en début d'année de près de 39 millions d’euros, selon Le Monde.

 

Je désire donc me renseigner sur la fusion annoncée de la LMDE avec la MGEN, au premier Janvier 2014, dans 6 semaines, coup de fil à la plateforme 3676, un transfert d'appel puis deux, et je me retrouve à la direction.

 

J'exprime ma demande : je désire savoir, étant adhérent, si mes cotisations ont bien été employées pour renflouer de 3 millions d'euros la LMDE cette année, et ce qu'il en est des 65 millions d euros d ardoise LMDE pour 2013 et du passif de 40 millions d'euros. Je demande quels sont les documents disponibles, vu que la fusion , c'est pour dans 6 semaines, et qu'à la MGEN, c 'est très démocratique, on reçoit un journal quadrichromie qui nous informe vraiment sur tout...mais j 'ai rien trouvé dedans ni sur le site MGEN.

 

Et là, bon je suis bien assis, la secrétaire m'indique que le directeur MGEN lui a dit de me répondre qu'il n'y a pas de fusion prévue.

 

Donc, il n'y a évidemment pas besoin d'informer les adhérents MGEN.

 

Je peux écrire un courrier, si je veux ; merci Madame.

 

Mais  ici ce n’est pas ce qui est dit : il va bien y avoir un rapprochement, dont on ne connait pas les contours : la démocratie, oui, mais pas trop quand même.

 

Pour ceux qui n'auraient pas suivi ou oublié quelques épisodes, la célèbre MNEF a été remplacée par le LMDE dans les suites du "scandale MNEF",  dont l’épisode le plus "gothique" ,le Derya , nous est compté ici.

 

 Capture d’écran 2013-11-22 à 11.40.47.png

 

                   Image d'archive : croisière à bord du Derya, navire amiral de la MNEF

 

 

 

La gestion de cette sécurité sociale étudiante pose largement question, et il serait de bon sens de supprimer cet établissement et de reverser la gestion étudiante au régime général, comme le propose l UFC que choisir.

Ceci éviterait chaque année des centaines de milliers de radiations/réinsription et permettrait aux étudiants d'être éventuellement correctement couverts.

Et l'ardoise LMDE laissée encore cette année sera de 65 millions d euros, malgré une sympathique initiative fiscale pour améliorer cette situation. 

 

Supprimer la LMDE aurait toutefois l'inconvénient de couper le financement de l'UNEF , syndicat étudiant dont on ne sait quelle part des 200000 euros versés annuellement  aux associations par la LMDE il a bien pu percevoir.

 

Et ceci empêcherait aussi le versement de quelques 250000 euros annuellement à 13 permanents bénévoles de la LMDE, dont on ne sait si il poursuivent encore des études, mais l 'important est sans doute que des bénévoles oeuvrent à la protection sociale étudiante.

 

Cette fusion est prévue au premier janvier 2014 mais aucun document n'est disponible, pas plus sans doute qu'en ce qui concerne le GIE créé entre la LMDE et la MGEN.

 

Après vingt années d'errements on aurait pu penser que le sujet de protection sociale des étudiants aurait été suffisamment important pour que des mesures de simple bon sens soient prises.

 

Force est de constater qu 'en l'occurence, le refinancement dans la plus totale opacité du canard boiteux LMDE par des adhérents mutualistes MGEN est largement en cours, au bénéfice d'on ne sait pas qui exactement, mais très certainement pas celui des étudiants

 

Supprimer la LMDE, celà aurait aussi posé la question fondamentale de notre protection sociale : si le régime général, la sécurité sociale se mettait à fournir une complémentaire (comme en Alsace), quelle serait l'économie d'échelle? combien celà ferait t'il économiser aux cotisants? et aux entreprises?


22/11/2013
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La crise : "une opportunité unique", selon les mutuelles

Cette phrase "Crisis represents a unique opportunity to encourage the mutual business model as an alternative to strengthen a sustainable economic and social development in Europe" est extraite d'un document émanant de l'association internationale de la mutualité.

 

 

Elle a été prononcée par M. Pedro Bleck da Silva, Président de cette association de mutuelles, qui ne connait pas la crise.

 

Le document a servi a présenter les mutuelles lors d'un débat au niveau européen, le 20 juin 2012.

 

Lors de ce débat, M. Grégor Pozniak, Secrétaire général de l'AMICE (Association of Mutual Insurers and
Insurance Cooperatives in Europe - Association des assureurs mutualistes et des coopératives
d'assurance en Europe) a mis l'accent sur l'attrait des sociétés mutuelles, sur le plan
microéconomique (comme bonne solution de substitution aux pouvoirs publics en fournissant
des services de qualité aux particuliers).

 

Ce débat a permis d'auditionner M. Andreck, directeur de la MACIF et du GEMA qui a indiqué "que la crise favorisait la concentration des mutuelles mais qu'il n'existait jusqu'à présent aucun instrument permettant les fusions au niveau européen, ce qui constitue un obstacle à la compétitivité".

 

Gérard Andreck a également évoqué le rôle des mutuelles appelées à prendre la suite dans certains secteurs, là où les Etats pourraient se désengager.

 

L'idée ici est de proposer clairement aux états membres de laisser les mutuelles prendre en charge des pans entiers de notre protection sociale, et de les abandonner, ce qui va très certainement intéresser les décideurs européens.

 

On retrouve trace de cette idée dans d'autres documents, dont un issu curieusement du syndicat de médecins MG France, et on peut supposer que dans les couloirs, les discussions sur le sujet vont bon train : l'idée de moduler les cotisations aux complémentaires en fonction des revenus nous fait changer de paradygme, et entérine l'idée que l'ennemi à abattre, c est la sécurité sociale.

 

Il est curieux de constater que la mise en place de systêmes de santé éclatés coûte fort cher et aux états , et aux patients, avec une dégradation de l 'accès au soin et de la qualité des soins , et que ceci ne saute pas aux yeux des décideurs ou des politiques.

 

Les entreprises Françaises qui ont fait des mutuelles un outil de modération salariale, grâce aux énormes cadeaux fiscaux consentis sur la vente des contrats groupes vont se réveiller avec une gueule de bois douloureuse : ces cadeaux fiscaux vont diminuer et prendront fin, Europe oblige, et il faudra refinancer, à un coût bien supérieur au régime Alsace Moselle (taxe de 1,6 à 1,8 % sur les salaires pour le surrégime complémentaire).

 

Cette configuration est la plus coûteuse pour les entreprises, et ceux qui ne s'en souviennent pas pourront relire avec profit la séquence de négociation et la faillite de General Motors, liée aux couts exhorbitants de la protection sociale privatisée aux Etats Unis ; là comme dans d'autres domaines, l'organisation de monopôles privatisés de services et le retrait de souveraineté de l' Etat se solde par une catastrophe triple : baisse de qualité, explosion des coûts, aggaravation des inéquités sociales ; sans compter qu'une partie de l argent de cette protection sociale sert à jouer au casino (affaire Enron , ou affaire Luxalpha, pour nous petits Français).

 

Que ceci soit habituellement par le fait et au profit de sociétés privatisées par l Etat, rémunérant une oligarchie adminstrative dont le mérite est "d'avoir fait l'ENA ou X Mines" avant de retourner siéger dans des cabinets ministériels en comptant ses stock options, nous y sommes habitués.

 

La farce prend cette fois un tour encore plus curieux, ceux qui impulsent ce mouvement de destruction de la sécurité sociale se présentant habituellement sous un autre jour ; mais il est vrai qu'à Bruxelle, on est sans doute entre soi, celà libère la parole.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


29/12/2012
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Le gouvernement aux ordres du système financier mutualiste

Le gouvernement et le parti socialiste ont bradé notre système de santé aux financiers mutualistes en adoptant le projet de réseaux privés mutualistes , et ils ont rejeté la totalité des amendements qui proposaient notamment la transparence des frais de gestion, la fiscalisation des frais de publicité délirants des mutuelles, la négociation collective versus le conventionnement individuel des professionnels de santé ; le débat parlementaire a pris une tournure stupéfiante  : au mépris des syndicats représentatifs et pour des raisons de "souplesse" selon les termes de la rapporteuse, Mme Fanélie Carrey-Conte, le conventionnement sera bien individuel, des propos que même le MEDEF n'aurait jamais osé tenir dans ses rêves les plus fous.

 

Les auditions qui ont précédé cette loi , à l'initiative de Mme la rapporteuse n'ont entendu aucun syndicat de médecin, ni même   le Conseil de l'Ordre des Médecins (qui doit obligatoirement se prononcer sur tout contrat passé par tout médecin) , pas plus que les patients et leurs représentants ; les assureurs étaient conviés, certainement pour parler de leur grande bataille de l'accès au soin, plutôt que de leurs filiales dans des paradis fiscaux, ou de leurs investissements en Grèce, voire dans des fonds Madoff au Luxembourg avec des dizaines de millions d'euros du soin évaporés. (Carac , mutuelle de le Mutualité Française, la Macif, la mutuelle des architectes, Groupama...)

 

Il y avait hier quelque chose de rance, d'inquiétant dans ces débats , en raison notamment des liens connus de Mme Fanélie Carrey-Conte et du député Richard Ferrand avec cette mutualité ; comment est 'il concevable que des représentants élus puissent à ce point mélanger les genres ? M. Ferrand était t il en service commandé ou représentait t-il les citoyens qui l'ont élu ? Est ce que tout est à ce point permis, qu'aucune retenue de nature déontologique ne puisse se concevoir au sein de l'assemblée nationale, ouvrant ainsi la possibilité de légitimes suspicions ? Les députés connaissent t'ils la notion de lien d'intérêt ?

 

L'exposé des motivations de cette législation est aberrant et de pur prétexte :

 

L'accès au soin et le contrôle des prix mis en avant est en effet factuellement inversement proportionnel à l'intervention des complémentaires :

 

Dans l'optique, la sécurité sociale intervient à hauteur de 4%, et les prix sont les plus élevés d'Europe, malgré les 600 magasins que possèdent les complémentaires, et le contrôle total que lui confère sa position de financeur quasi exclusif (panier moyen optique en France de 105 euros versus 60 euros en Allemagne)  ; voilà le résultat concret, avec parallèlement le plus fort taux de refus et de différemment de soin , dans les deux domaines qui ont fait la fortune de la Mutualité : le dentaire et l 'optique.

 

On voit ainsi tout le résultat que l'on peut attendre de cette loi, et les arguments mis en avant par la mutualité et le gouvernent ne sont bien qu'un prétexte au bradage de notre système de santé aux assureurs.

 

Inversement, là ou la sécurité sociale intervient en priorité, la consultation du médecin généraliste est quasiment la moins chère d'Europe ( 23 euros contre une moyenne de 40 euros en Europe ). Et il n'y a dans ce domaine pratiquement pas de difficulté d'accès au soin ; sauf que le tarif indigent fait que presque aucun jeune ne s'installe, et que même des médecins roumains ne sont pas tentés ; mettre cette activité sous la coupe des complémentaires est un non sens démocratique, un non sens médical, et une punition dont les généralistes n'avaient pas besoin, rendant leur métier encore plus compliqué : à terme, gestion des soins en fonction des contrats des patients (pour l'IRM, il vous faut le contrat Gold) , envoi des patients vers des professionnels affiliés, des établissements affiliés, alors qu'auparavant  seul le soin comptait. Gestion bénévole du tiers payant, nécessitant une double télétransmission, à la charge exclusive du soignant. Insécurité d'exercice : le contrat reçu montre que la Mutualité peut décider de déréférencer qui elle veut sans lui devoir la moindre explication. Insécurité juridique : l'affiliation à des financiers place les médecins dans une dérive mercantile : le donneur d'ordre devient un organisme privé, et va décider à terme du soin, en contravention avec le code déontologie et le code de santé publique, qui ne sont opposables qu'au médecin.  Dès à présent, les contrats reçus, que les médecins doivent soumettre au Conseil de l'Ordre avant de les signer, ne sont pas conformes au code de déontologie et heurtent de plein fouet de multiples dispositions du code de santé publique, rappelées en annexe.

 

- l 'UFC que choisir vient avec raison de demander le démantèlement immédiat des mutuelles étudiantes et la prise en charge par la sécurité sociale, pour des raisons d'obstacle d'accès au soin de ces mutuelles, de coût aberrant , et pour des raisons d'économie immédiate chiffrée à 90 millions d'euros ; Mme Fanélie Carrey-Conte, ex administratrice LMDE en pense quoi ? Pourquoi n'a t'elle pas oeuvré plus tôt pour l'accès au soin dont elle s'inquiète avec raison ?

 

- la qualité des soins est gravement remise en cause dans les réseaux mutualistes ; ainsi la consultation  doit passer à 15 minutes dans les centres de santé mutualistes MGEN avec une obligation de productivité ; et 12 minutes au GCM, avec licenciement des médecins récalcitrants  ; les patients qui n'ont pas d 'argent ou de carte vitale sont rejetés dans certains centres de santé gérés par la mutualité, au mépris de la dignité humaine et des simples règles déontologiques ; un médecin syndicaliste qui a osé en faire part a été convoqué en vue d'un licenciement pour faute grave ; les médecins qui travaillent pour cette mutualité font état de dérives graves avec sélection des soins les plus profitables, et sélection des patients ; la clinique Bonneveine a été récemment vendue au privé, pour cause de non rentabilité, argumentaire exposé sans sourciller par un responsable mutualiste qui donne fréquemment des leçons de maintien aux professionnels de santé, et qui devrait sans doute plus se préoccuper des circulaires administratives internes au GCM, qui discriminent les plus pauvres.

 

Le Pr Grimaldi a fait part de la suppression des activités non rentables  à l'institut Montsouris, établissement phare de la Mutualité Française : "Ainsi, on parle souvent de l'Institut Montsouris dont les patients sont en général très satisfaits, mais on oublie de dire que cet hôpital ne prend pas les urgences et qu'il sélectionne les patients. Ainsi, il a décidé il y a quelques années de supprimer l'unité de soins palliatifs. Plus tard, il a décidé de ne plus prendre en charge les diabétiques insulino-dépendants..." 

 

Au delà des beaux discours et de la rhétorique socialiste, c'est bien l'argent, et non le soin, qui guide les décisions de la Mutualité.

 

Le but de cette loi est de plier le soin et les soignants aux exigences de ces financiers.

 

Quitte a piétiner des pans entiers du code de déontologie et du code de santé publique.

 

On va donc laisser les complémentaires décider du soin dans des domaines ou elles interviennent à moins de 10 % , en dépouillant l'Etat, les partenaires sociaux, et les syndicats professionnels de leurs prérogatives, curieux abandon de souveraineté au profit de structures privées et opaques.

 

Les petites mutuelles qui défendaient encore certaines valeurs vont être absorbées, car elles ne pourront pas gérer les dispositifs qui se mettent en place : le cadeau aux oligopoles financiers est double.

 

Les professionnels de proximité vont donc être soumis à des conventionnements individuels, non encadrés (rejet de la totalité des amendements qui tentaient d'introduire un peu de moralité ou de contre pouvoirs ) ; les couplets du gouvernement sur le dialogue social et le respect des organisations représentatives prennent là une résonance toute particulière, un reniement philosophique des fondamentaux de cette gauche extraordinaire !

 

Juridiquement, dès à présent, le sort fait aux professionnels est ingérable : l'adhésion à ce type de réseau conduit à un détournement de patientèle condamnable, l'indépendance professionnelle aliénée à des impératifs de productivisme édictés par des assureurs constitue une deuxième faute lourde condamnable ordinalement et civilement (le code de déontologie ayant été versé au code de santé publique, cela signifie double peine pour les médecins).

 

Les assureurs organisent une extorsion de signature : le contrat que j ai reçu le 30 octobre pour la mise en place du tiers payant  (sans que la Mutualité trouve utile d 'attendre l'issue des débats démocratiques)  ne comporte aucune contre partie, alors même que la Mutualité chiffre le coût de ce tiers payant à 4 euros par acte dans ses centres ; il me promet par contre une publicité permettant de m'attirer des clients captifs, nouvelle faute déontologique et juridique ; et si je ne signe pas, la menace économique qui en résulte (détournement des clients captifs vers des médecins qui ont signé)  constitue un délit pénal d'extorsion de signature.

 

Oui, les réseaux de soin sont fondés sur un délit pénal d'extorsion de signature : menace de mort économique et de détournement de patientèle, et c'est cela que des députés ont validé, au bénéfice exclusif de financiers, livrant les professionnels de santé à un chantage inadmissible, pénalement répréhensible

 

Cela risque de mal se terminer : châteaux, hôtels 4 étoiles, filiales dans des paradis fiscaux, écuries de course automobile,  rémunérations aberrantes, frais de gestion de huit milliards d'euros par an, opacité totale de gestion prorogée par notre ministre, création de filiales hors contrôle mutualiste , participation à des sociétés anonymes en Grèce,  arnaques, voici les nouveaux décideurs de la santé et les amis que se sont choisit nos gouvernants, piétinant allègrement tout sens moral, s'asseyant sur le code de déontologie et le code de santé publique.

 

Le choix de déposer cette loi qui modifie en profondeur le contrat de soin Français, sans concertation sérieuse, est une honte, et un drame pour notre protection sociale.

 

François Mitterrand croyait aux force de l'esprit ; le gouvernement, hier soir, était aux seuls ordres des forces de l 'argent, et il avait le petit doigt sur la couture du pantalon.

 

De l'avis de tous y compris au parti socialiste, cette loi ne résout rien, et de notre avis, elle va aggraver la problématique de l'accès au soin, en reniant les principes fondateurs de la sécurité sociale.

 

Nous souhaitons qu'enfin un grand débat national et une évaluation en profondeur du fonctionnement des organismes complémentaires permette de redéfinir l'intervention de notre bien commun, la sécurité sociale.

 

Nous souhaitons que de nouvelles règles du jeu s'appliquent aux mutuelles qui bénéficient de subventions publiques, afin de renforcer le contrôle démocratique effectif, afin de mettre fin aux dérives que nous constatons, qui entachent gravement la crédibilité du mouvement mutualiste ,au détriment de ceux qui s'y investissent pour la défense de l'accès au soin.

 

Aucune réforme ne sera fera sans les patients et sans les professionnels de santé, qui doivent à l'avenir être associés impérativement à la refondation de notre protection sociale.

 

 

Annexe : articles du code déontologie et du code de santé publique 

 

 

Article 5 (article R.4127-5 du code de la santé publique)

Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit.

 

Article 6 (article R.4127-6 du code de la santé publique)
Le médecin doit respecter le droit que possède toute personne de choisir librement son médecin. Il
doit lui faciliter l'exercice de ce droit.
 
Article 8 (article R.4127-8 du code de la santé publique)
Dans les limites fixées par la loi et compte tenu des données acquises de la science, le médecin est
libre de ses prescriptions qui seront celles qu'il estime les plus appropriées en la circonstance.
Il doit, sans négliger son devoir d'assistance morale, limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est
nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité des soins.
Il doit tenir compte des avantages, des inconvénients et des conséquences des différentes
investigations et thérapeutiques possibles.
 
Article 19 (article R.4127-19 du code de la santé publique)
La médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce.
Sont interdits tous procédés directs ou indirects de publicité et notamment tout aménagement ou
signalisation donnant aux locaux une apparence commerciale.
 
Article 20 (article R.4127-20 du code de la santé publique)
Le médecin doit veiller à l'usage qui est fait de son nom, de sa qualité ou de ses déclarations.
Il ne doit pas tolérer que les organismes, publics ou privés, où il exerce ou auxquels il prête son
concours utilisent à des fins publicitaires son nom ou son activité professionnelle.
 
Article 23 (article R.4127-23 du code de la santé publique)
Tout compérage entre médecins, entre médecins et pharmaciens, auxiliaires médicaux ou toutes
autres personnes physiques ou morales est interdit.
 
Article 57 (article R.4127-57 du code de la santé publique)
Le détournement ou la tentative de détournement de clientèle est interdit

 

Article 67 (article R.4127-67 du code de la santé publique)
Sont interdites au médecin toutes pratiques tendant à abaisser, dans un but de concurrence, le
montant de ses honoraires.
Il est libre de donner gratuitement ses soins.

 

Article 83 (article R.4127-82 du code de la santé publique)
I - Conformément à l'article L. 4113-9 du code de la santé publique, l'exercice habituel de la
médecine, sous quelque forme que ce soit, au sein d'une entreprise, d'une collectivité ou d'une
institution ressortissant au droit privé doit, dans tous les cas, faire l'objet d'un contrat écrit.
Ce contrat définit les obligations respectives des parties et doit préciser les moyens permettant aux
médecins de respecter les dispositions du présent code.
Tout projet de contrat peut être communiqué au conseil départemental de l'Ordre, qui doit faire
connaître ses observations dans le délai d'un mois.
Toute convention ou renouvellement de convention avec un des organismes prévus au premier
alinéa, en vue de l'exercice de la médecine, doit être communiqué au conseil départemental intéressé,
de même que les avenants et règlements intérieurs lorsque le contrat y fait référence. Celui-ci vérifie
sa conformité avec les prescriptions du présent code ainsi que, s'il en existe, avec les clauses
essentielles des contrats-types établis soit par un accord entre le conseil national et les collectivités ou
institutions intéressées, soit conformément aux dispositions législatives ou réglementaires.
Le médecin doit signer et remettre au conseil départemental une déclaration aux termes de laquelle il
affirmera sur l'honneur qu'il n'a passé aucune contre-lettre ou avenant relatifs au contrat soumis à
l'examen du conseil.
II - Un médecin ne peut accepter un contrat qui comporte une clause portant atteinte à son
indépendance professionnelle ou à la qualité des soins, notamment si cette clause fait dépendre sa
rémunération ou la durée de son engagement de critères de rendement.
 
Article 95 (article R.4127-95 du code de la santé publique)
Le fait pour un médecin d'être lié dans son exercice professionnel par un contrat ou un statut à un
autre médecin, une administration, une collectivité ou tout autre organisme public ou privé n'enlève
rien à ses devoirs professionnels et en particulier à ses obligations concernant le secret professionnel
et l'indépendance de ses décisions.
En aucune circonstance, le médecin ne peut accepter de limitation à son indépendance dans son
exercice médical de la part du médecin, de l'entreprise ou de l'organisme qui l'emploie. Il doit toujours
agir, en priorité, dans l'intérêt de la santé publique et dans l'intérêt des personnes et de leur sécurité
au sein des entreprises ou des collectivités où il exerce.
 
Article 97 (article R.4127-97 du code de la santé publique)
Un médecin salarié ne peut, en aucun cas, accepter une rémunération fondée sur des normes de
productivité, de rendement horaire ou toute autre disposition qui auraient pour conséquence une
limitation ou un abandon de son indépendance ou une atteinte à la qualité des soins.

 

 

 

 

 

 

 


29/11/2012
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Réseaux de soins pour les nuls : comment contraindre le soin aux exigences des marchés.

Tout d'abord il faut un volontaire pour le faire : les assureurs, la securité sociale ne peuvent pas jouer ce rôle, trop gros, ça ne passerait pas ; d'ailleurs les instituts de prévoyance et les assureurs pourraient déjà créer ces réseaux mais n'ont pas developpé cette possibilité : le faire comme précurseurs, ça ne serait pas vendeur, il faut laisser la mutualité "passer devant", c'est sans doute la stratégie qui a été arretée au sein de l'UNOCAM. (organisme regroupant mutuelles et assureurs privés).

 

Juste une tentative de créer un réseaux "gold" permettant d'aller voir "des super spécialistes quand on veut" avait été proposé par AGF , il y a quelques années   : complémentaire santé dite Excellence santé à 12 000 € par an et par personne. Un réseau de 200 médecins, dont Pierre Godeau (président de l’Institut Servier), avait été constitué ; tout ceci sous la houlette de M. Johanet , ancien directeur de la sécurité sociale, avec l'assureur AGF.

 

Un précurseur, cet ancien directeur de la sécurité sociale  : des contrats individuels liant les médecins aux assureurs, des patients qui contractent avec l'assureur .....

 

Les mutuelles, qui vendent de plus en plus d'assurances entreprises, vont capter des clients, auquels ils pourront imposer d'aller voir un médecin en particulier si ils souhaitent bénéficier d'une prestation complète ; il n'est pas prévu à ce stade d'empêcher d'aller en voir un autre, dumoins par la contrainte physique ;  juste qu'il y aura difference de prise en charge , tiers payant ou pas dans un premier temps, puis, les habitudes étant prises, la suite ne fait aucun doute.

 

On voit là que les patients qui n'y comprennent pas grand chose n'auront plus le choix souvent ni de leur mutuelle, ni de leur médecin ; si techniquement tout ne se met pas en place tout de suite, c 'est bien l'esprit de la loi déposé par M. LE Roux, député socialiste. (assisté en celà par, entre autres, quelqu'un qui est également député et qui était encore en 2012 directeur rémunéré de la mutualité bretonne, M. Ferrand).

 

Le médecin aura un contrat individuel à signer, j'ai d'ailleurs curieusement reçu le mien il y a une semaine, et il est édifiant ; ce contrat , portant sur la télétransmission directe vers les mutuelles, m'impose une liste d'obligations et de responsabilités (9 items) , un travail supplémentaire de comptabilité (la comptabilité sur des reste a charge de 6e70 va être un bonheur, le pointage des remboursements...)

 

En échange que me proposent les mutuelles ? rien.

 

J 'ai appelé la dame de la mutuelle identifiée comme correspondante, et je lui ai fait part de mon étonnement : enfin les mutuelles avaient là l'occasion de montrer leur attachement au secteur un, et favoriser le tiers payant, en aidant les médecins qui sont dans cette démarche (par exemple un forfait annuel permettant de s'y retrouver par rapport au temps passé....)

 

Rien.

 

J'ai quand même demandé à la dame si elle travaillait bénévolement, et si elle savait qu 'un cabinet médical, c'est une petite entreprise, qui chez nous verse deux salaires en CDI (secrétaires) , était t'elle informée que dans la vie normale, un travail induit une rémunération, car nous avons des charges ; elle a eu cette réponse très "mtualiste" : vous le faites déjà pour la sécu , vous pouvez bien le faire gratuitement pour nous, puisque vous avez déjà le matériel.....

 

Et puis en relisant le contrat j'ai compris leur méthode de travail : une petite ligne qui dit "la mutuelle fera publicité auprès de ses adhérents concernant les médecins qui pratiquent le tiers payant sur la part mutuelle".

 

Soit je signe, soit ils prennent des mesures de rétorsion économiques, et disent à mes patients d'aller se faire soigner ailleurs ; honorer un médecin pour son travail, quand il est secteur un, et qu 'il pratique le tiers payant , non , le chantage est économiquement plus interessant, et c'est ainsi que les réseaux d'affiliations se sont developpés aux USA : "docteur, vous m'avez très bien soigné, mais la mutuelle de mon entreprise me demande d'aller consulter un autre si je veux etre correctement remboursé , l'autre solution ce serait que vous acceptiez enfin de signer ce contrat"

 

 

D'autres signaux d'inquiétude nous ont déjà alertés, cette fois concernant la qualité du soin contraint :

 

Certains établissements de type EHPAD ont maintenant une pharmacie interne, alors qu'auparavant les médicaments étaient délivrés par des pharmaciens d'officine ; dans ces établissements, les prescriptions ne sont plus toujours respectées : vous prescrivez un complément type renutryl à un cancéreux dénutri ; on lui donne un oeuf avec du lait "par ce que c'est aussi bien" ; vous prescrivez un pansement hydrocolloide pour un ulcère qui ne guérit pas ; vous ouvrez le pansement, l y a une compresse sèche avec un tulle, le pansement hydrocolloide, c est trop cher.

 

L'économie sociale et solidaire existe t'elle vraiment ; les belles idées sont t'elles solubles dans le marché ? 

 

Le systême actuel , certainement pas parfait, avait l'avantage pour le patient de pouvoir choisir son médecin, et celui ci était libre des pressions des assureurs (bien que la restriction de ces libertés soit aussi en marche coté sécu) ; dans les pays qui ont une bonne médecine ambulatoire, le soin n'a pas été mis en coupe réglée par les assureurs privés et mutualistes, mais l'assureur Etat a mis en place un copayement : payement à l'acte plus payement au forfait, car "au bout du bout" c'est effectivement toujours le payeur qui décide, et ceci permet un équilibre des pouvoirs.

 

Dans le systeme de réseaux de soin mutualiste, c'est progressivement l'assureur qui va imposer des obligations aux médecins (en volume de prescriptions, en examens complémentaires, et pourquoi pas en orientation des patients vers des établissements de soins mutualistes...)

 

Et si la mutualité commence , les assureurs privés vont également nous demander de contracter ; il nous faudra donc réfléchir, pour chaque patient, en fonction du niveau de contrat, et des désirs et obligations contractuelles, à ce que l'on pourra ou non prescrire.

 

La farce des amendements promettant de supprimer cette machinerie qui se met en route est une manoeuvre dilatoire : l'unique possibilité de ne pas nous soumettre aux impositions des assureurs, c 'est le retrait de ce dispositif.

 

C'est aussi la seule façon à terme pour le patient de garder le choix de ses soignants.

 

L'autre option qui n'est pas à l'étude, c'est de revenir aux fondamentaux de la sécurité sociale ; la seule caisse bénéficiaire en France est celle d 'Alsace Moselle, et elle rembourse les soins bien mieux qu'ailleurs en France : 90 % (80 % pour les médicaments remboursées à 35 % ailleurs en France) et 100 % pour l'hospitalisation (pas de forfait journalier). Les mutuelles sont moins chères qu'ailleurs en France, mais hélas leur chiffre d'affaire aussi, n'y voyez surtout aucun rapport et aucune malice ! Non il n'est pas imaginable que la Mutualité Française nous ait tenu un double langage.....et les directeurs de la sécurité sociale, sauf M. Johanet, ne sont pas convertis aux marchés, non, non, inimaginable !

 

C'est bien la privatisation de la sécurité sociale que nous propose donc M. Le Roux, député socialiste ; la droite en rêvait, les socialistes l'ont fait.

 

La mutualité joue depuis trente ans le rôle de cheval de Troie pour les assurances privées et avance maintenant à visage découvert.

 

 

Dr Y Le Flohic Médecin Généraliste 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


23/11/2012
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LA GAUCHE CANIARD* (co auteur Benjamin Bajer)

Le candidat Hollande a promis le changement, mais il est difficile de comprendre le sens des politiques de santé ainsi que les messages délivrés par l'éxécutif.

Comme dans d'autres domaines, on peut craindre que la restriction des marges financières ne conduise à une gestion comptable de la santé, avec un clouage au pilori médiatique des professionnels de santé pour cause de dépassement d'honoraires.

 

Reste à expliquer aux Français ce qu'ils commencent à comprendre : ils payent deux fois, pour la Sécu ainsi que pour une complémentaire et bien souvent ils ne sont plus remboursés; certains ont payé toute leur vie et n'ont même plus accès au médecin car le dernier généraliste est parti à la retraite non remplacé. 


Et reste surtout à agir, et c'est bien là que le bât blesse : chacun aura compris qu'au delà de cette "grande réforme de gauche qui a enfin mis au pas les libéraux", rien n'est réglé, et le doute plane sur ce nouveau mode de gouvernance.

 

Dès qu'on se penche sérieusement sur ce dossier, on comprend immédiatement que les dépassements d'honoraires sont les plus lourds et excessifs en milieu hospitalier, qui n'est plus concerné par cette réforme ; ailleurs, bien souvent, l'indigence des tarifs secteur 1 (tarifs opposables, fixés par la Sécurité Sociale) entraîne soit la disparition du professionnel, soit un complément d'honoraires en secteur 2; c'est du vécu.

 

D'autre part, l'installation des jeunes en libéral ne se fait plus, car les tarifs opposables de l'assurance maladie n'ont pas évolué normalement (pas de prise en compte de l'inflation et de l'augmentation des charges des cabinets).

 

Enfin, le problème de fond n'est pas réglé et ne le sera pas, car tout le monde voit bien la totale désorganisation du système de soins qui ne peut conduire qu'à son effondrement : l'hôpital fait de la médecine générale ; les complémentaires jouent le rôle de la Sécu et souvent elles ne "complémentent" plus rien. On demande aux pharmaciens et aux sages femmes de jouer aux médecins, et les médecins généralistes, quand ils ne se suicident pas (première cause de mortalité des médecins en exercice) dévissent leur plaque et vont faire des papiers (la médecine administrative est correctement honorée aux 35 heures, pas le soin).

 

Tout cela avec une pente vertigineuse des coûts logistiques (administration, informatique, audits externes...), parmi lesquels des délires informatiques dont le DMP (Dossier Médical Personnel dénommé "dossier mal parti" dans le milieu médical) participent à cette profusion de dépenses qui ne vont pas au soin. Dernière livraison de la Cour des Comptes : les hôpitaux de Marseille ont dépensé 14 millions d'euros depuis 2005 dans un DMP qui n'existe toujours pas.

L'acmé de cette situation chaotique a été la présentation par le Président et sa ministre de la politique de santé au congrès de la Mutualité : pourquoi à cet endroit ?


Les médecins ont découvert que les cadeaux fiscaux et subventions aux complémentaires représentent en un an environ 8 milliards d'euros, ce qui permettrait de rembourser trois fois la totalité des "dépassements d'honoraires" de tous les médecins pendant une année si cet argent était donné à la Sécurité Sociale.

 

Mais aussi, les frais de gestion des mutuelles, également de l'ordre de 8 milliards d'euros annuels, représentant environ 25% du budget annuel, doivent être comparés aux 5% de la Sécurité Sociale(oui les frais de gestion des mutuelles représentent le triple des dépassements d'honoraires, et les subventions aux complémentaires aussi !).

 

Cette présentation s'est accompagnée de projets de loi déposés au parlement, l'un prolongeant d'un an l'obligation aux mutuelles de publier leurs comptes et donc laissant l'opacité financière portant sur 8 milliards d'euros de frais de gestion, l'autre créant des réseaux de soins privés au profit des mutuelles, et leur permettant de moduler les prestations en fonction de l'affiliation du professionnel sur lequel il pourra être exercé des exigences comptables influençant les décisions médicales.

 

On ne peut donc que constater le changement... dans la continuité ! Cette politique de démission organisée de la Sécurité Sociale durant maintenant depuis bien longtemps, avec cette fois un bon coup d'accélérateur : le passage de ces mesures signifie une privatisation complète de la santé avec une soumission économique des médecins aux demandes médicales des assureurs; organisation hautement rentable et potentiellement capitalistique permettant enfin de mettre en place des réseaux de soins intégrés, maîtrisant l'ensemble de la prestation, depuis la vente du contrat groupe complémentaire jusqu'à la délivrance du médicament; avec une décision médicale encadrée par les financiers privés, bravo !

 

L'habillage de ces mesures et dispositions dans un package bobo anti-dépassement était une brillante idée.

 

Mais le bel édifice commence à branler, les Français ne sont pas idiots et, s'ils ont du mal avec les dépassements d'honoraires, ils en ont un peu plus lorsqu'ils découvrent ébahis ce que devient l'argent du soin. Nous tenons à nous excuser d'avance auprès de la Matmut et de son directeur, mais manque de chance, nous ne sommes pas fans de Chevallier et Laspalès, et découvrir que leur rémunération de 900000 euros représente 4% des frais de communication de la Matmut nous a très fortement irrités car cela signifie que 22 millions d'euros partaient en 2007 en publicité, rien qu'à la Matmut.

 

Gloups.


Fatalement, on se pose donc la question "et le reste c'est quoi ?".

Les données concernant les rémunérations sont rares, et ne se préoccupent pas du "tact et mesure" qu'on aime à rappeler aux médecins.


A la Matmut, seule donnée officielle, la somme des 10 plus hautes rémunérations 2009 est de 2.520.585 euros, soit en moyenne plus de 250.000 euros par an. Des sources font état d'une rémunération de M. Havis de plus de 300.000 euros (sans qu'on sache s'il est également rémunéré ou défrayé pour la présidence d'Intermutuelle Assistance ou pour sa participation aux treize conseils d'administration où il semble sièger).
On retrouve ce niveau de rémunération d'environ 20 à 30 fois le Smic dans un certain nombre d'entreprises mutuelles :
- Roger Iseli (DG Macif) : 371773 euros 
- Gérard Andreck (président Macif) : 321666 euros

 

 

 

Le record ayant été explosé par M. Jean Azema (DG Groupama) : 4,383 millions d'euros dont 893333 euros de fixe, à la tête de Groupama (274 Smic tout de même !), qui a été "envoyée dans le mur" et a donc été recapitalisée par la Caisse des Dépôts en 2011, bref par nos impôts (nationalisation passée curieusement inaperçue).

 

Et les autres dirigeants chez Groupama ? Les neuf plus hautes rémunérations se partagent 5.206.000 euros soit 48.000 euros par mois, environ trois "Smic annuel" tous les mois...
Groupama n'est pas une "mutuelle mutuelle" mais une "mutuelle d'assurances" nous expliquera M. Caniard. AXA, Groupama, le Crédit Agricole ont aussi été il y a longtemps des vraies mutuelles mutuelles..., et nous ne pouvons que constater dans quel sens finit par pencher la balance.

Grace à tout cet argent, les mutuelles peuvent donc rivaliser d'imagination dans leurs actions de sponsoring, ou dans leurs opérations politico-immobilières.
Nous ne cherchons pas à ce stade à parler d'un "Mutuelle-gate", nous ne creuserons donc pas le sujet des relations entre les mutuelles et le parti socialiste, qui avait d'ailleurs été abordé il y a quelques années par la justice au sujet de la MNEF.

 

Clubs de rugby, de hockey, de foot, bateaux du Vendée globe, écuries de course automobile..., rien n'échappe à la générosité des mutuelles; la Matmut compte deux écuries automobiles (Imsa performance et Oreca), ainsi qu'une course, la Matmut Carrera Cup (son patron adore les voitures et aurait huit Porsche selon la rumeur).

Le très beau siège social de la Matmut à peine achevé (90 millions d'euros), cette mutuelle appartenant à la Mutualité Française a projeté à Rouen la construction de deux hotels trois et quatre étoiles avec spa et d'un Centre de Congrès pour une centaine de millions d'euros; pas d'hébergement de patients Alzheimer prévu au programme, mais un restaurant gastronomique.


Et peut-être des visites du château de la Matmut, chouette lieu d'art contemporain. M. Caniard siégeant au conseil d'administration de la Matmut a-t-il approuvé ?

Un mot aux mutualistes sincères qui se font trimbaler dans cette histoire : le but des mutualistes, les vrais (pas ceux qui s'enrichissent dans ce système) est généralement d'assurer un accès social au soin et une qualité toujours améliorée, techniquement et humainement ; ces buts sont aussi les nôtres.

 

Contrairement à ce qu'on a pu entendre, le mouvement des Pigeons, qui réclame une indépendance des médecins (indépendance financière et dans ses décisions médicales) prône une revalorisation du secteur 1 (baisse de la somme restant à la charge du patient), et une redéfinition du rôle des complémentaires dont la tendance actuelle (internationalisations et regroupements au sein de Sociétés de Groupements d'Assurances Mutuelles) ouvre la voie aux pires dérives.

 

Il est donc grand temps de redéfinir les missions et la place de chacun des acteurs, en commençant par un état des lieux précis, comportant une ouverture immédiate des livres de compte des mutuelles qui bénéficient des subventions de l'Etat. Nous verrons alors pourquoi la grogne des patients contre le « reste à charge » est justifiée, et qui est le véritable ennemi de l'accès aux soins, le médecin libéral ou la « complémentaire » santé !

On peut encore revenir aux fondamentaux de notre Sécurité Sociale, avec un accès social au soin, des médecins indépendants des pressions économiques et correctement honorés. Mais il ne peut s'agir que d'un combat, le nombre effarant d'improductifs qui se sont introduits et ont corrompu notre système de soins va rendre la tâche difficile.

Dans l'immédiat vos médecins et chirurgiens vont se battre pour ne pas être vendus aux assureurs et vont exiger une transparence dans l'utilisation de votre argent.

 

 

* Etienne Caniard est président de la mutualité Française


22/11/2012
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